Tuer les loups : une impasse dangereuse
Dans la torpeur estivale, une série d'arrêtés préfectoraux a autorisé des tirs de défense simple du loup sur le territoire de 17 communes du Doubs. Cette mesure permet à des louvetiers et à des éleveurs de tirer sur tout loup en situation d'attaque, sans la moindre preuve de menace réelle. Sans attendre, en quelques jours, des meutes de louvetiers ont tué deux loups.
Il serait stupide d’opposer agriculteurs et protecteurs de l’environnement. Bien des agriculteurs sont à la recherche de mesures non létales et efficaces de protection des troupeaux. Et bien des écologistes partagent la détresse des agriculteurs confrontés à la perte de leurs bêtes.
La tension est forte. Le cadavre d’une vache tuée par le loup a été exposé au public en marge d’une soirée consacrée au retour du loup. Faut-il pour autant céder aux pressions et autoriser l’abattage de ces animaux protégés, alors même qu’aucune des solutions alternatives à l’éradication du loup n’a été sérieusement déployée ? On est bien loin de l’objectif affiché de “renforcer la coexistence du loup et des activités d’élevage”. Et bien loin des engagements pris par l’Etat envers les associations, qui ont défendu une position équilibrée lors de la négociation du Plan national d’action 2024-2028 sur le Loup et se sentent aujourd’hui, légitimement, trahies.
Les solutions de protection des troupeaux, telles que les barrières, les chiens de protection et les systèmes d'effarouchement, restent largement sous-utilisées malgré les fonds européens disponibles pour leur mise en œuvre. Elles sont exigeantes mais elles ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays européens, comme en Italie, où les tirs d'effarouchement, non létaux, protègent les troupeaux tout en garantissant la sécurité des habitants et des touristes, en forêt, sur les chemins de randonnée et dans les villages. Elles permettent de préserver le rôle fondamental du loup dans l'équilibre des écosystèmes - souvent menacé par la prolifération d’ongulés sauvages - et la biodiversité de nos forêts et prairies.
La crédibilité de l’Etat - et de Madame la préfète coordinatrice - est en jeu !
Nous demandons :
- la remise à plat de l’expérimentation de “tirs de défenses territorialisés” pour en faire une véritable expérimentation de méthodes d'effarouchement
- La réunion rapide de l'ensemble des parties prenantes – agriculteurs, chambres d’agriculture et organisations professionnelles, associations de protection de la nature, scientifiques, services de l’Etat et de la Région – pour élaborer des stratégies de protection des troupeaux qui respectent à la fois la vie sauvage, la sécurité publique et le travail des paysans.