Hommage à Charles Piaget : Dominique Voynet, Anne Vignot, Marie Toussaint
Retrouvez le discours de Dominique Voynet, Secrétaire régionale des Écologistes Franche-Comté lors de l'hommage à Charles Piaget, le 10 novembre 2023 à Besançon
"Charles aurait-il été heureux des hommages dithyrambiques qui se succèdent depuis samedi dernier ? Ou gêné, comme il l’a toujours été quand il se trouvait dans la lumière ? Un peu des deux sans doute, lui dont la simplicité, la modestie, la volonté constante de se mettre au service du collectif étaient connus de toutes et tous ? Lui qui n’aurait vu dans ces hommages, au-delà de lui-même, que l’occasion de mettre en lumière les luttes auxquelles il a donné tant de ses forces ?
Anne (Vignot), Roland (Vittot), Françoise (Piaget), Martine (Chevillard) ont évoqué la solidité des convictions de Charles, sa fiabilité, sa force de conviction, sa capacité à galvaniser les hésitants et à rassurer les troupes ; et aussi son ouverture d’esprit et son audace, qui furent vitales au moment du combat des Lip, quand fut posée la question de sortir de la légalité pour défendre les emplois, la dignité du travail ouvrier et sa juste rémunération. D’autres le feront encore.
Il me revient de dire quelques mots de l’engagement écologique de Charles, forgé au PSU, avec Roland Vittot, Gérard Mamet, Paulette-Zaza-Guinchard ou Gérard Magnin ; de son engagement à nos côtés dans la lutte contre le grand canal qui souleva, comme l’avait fait le combat des Lip, toute une région contre le saccage de la vallée du Doubs ; de sa conviction que l’écologie ne pouvait pas, ne devait pas être un luxe réservé à ceux qui ont le moyen de manger bio et de rouler en Lexus ; qu’elle n’avait aucun sens si elle ne s’adressait pas à toutes et à tous, si elle n’était pas populaire, si elle ne permettait pas de vivre mieux, de transformer radicalement notre relation au vivant, nos habitudes de consommation ; de bousculer les rapports de force au sein des entreprises (l’autogestion toujours !) et ne se posait pas la question de l’utilité sociale de la production ; de repenser un monde plus juste et de reconstruire de nouvelles solidarités, ici et ailleurs. Alors que tant d’autres s’obstinaient dans le déni, Charles a aussi très tôt pris conscience de la réalité et de la complexité du bouleversement du climat, de la menace qu’il constituait pour la démocratie et pour la paix.
Je ne suis pas là pour parler de moi mais je me souviens de la générosité avec laquelle Charles nous a accompagnés, quand nous avons créé AC ! à Dole, militants syndicaux, associatifs, politiques ensemble. Et aussi de mon émotion quand il a rejoint, avec Théodore Monnot et d‘autres, le modeste comité de soutien à ma campagne présidentielle en 1995, et du sentiment de gratitude et de responsabilité qui m’a envahie alors.
Soucieux de ne pas le décevoir, de ne pas trahir la confiance qu’il nous a accordée, sans jamais se départir pourtant d’une forme de prudence envers la politique partisane, nous sommes nombreux ici à nous être inspirés de sa façon d’être et de faire. De ne pas se payer de mots. De ne pas se contenter d’envolées d’estrade et de promesses de campagne. De toujours chercher à marcher en équilibre sur deux jambes, l’action concrète de terrain, au plus près des gens, au plus près de la réalité d’un côté, la réflexion et la connaissance de l’autre. De faire preuve de fidélité à ses idées et de ténacité dans l’action, comme il le fit jusqu’au bout, comme en témoigne sa participation aux manifestations du printemps dernier contre la réforme des retraites.
Il me reste, au nom des écologistes de Besançon, de Franche-Comté et d’ailleurs, à saluer fraternellement sa famille, dont la peine profonde est peut-être adoucie par la ferveur qui s’exprime de toutes parts ; à lui dire qu’en rendant hommage à Charles aujourd’hui, nous ne nous contentons pas de retourner avec nostalgie sur les hauts faits d’une génération militante ; nous retrouvons du courage et reprenons des forces pour relever les défis du monde qui vient ; et que transformant notre émotion en moteur pour l’action, Charles, nous le ferons ensemble."
Anne Vignot, Maire Les Écologistes de Besançon s'est également exprimée
Charles Piaget incarne Besançon, terre d’utopie et d’innovation. Ses engagements appartiennent à l’histoire sociale française. Piaget est l’homme du collectif. Il a montré l’exemple : "On produit, on vend, on se paye". C’est dans la force du collectif que se trouve la suite du chemin, c’est ce qu’il nous a montré.
Marie Toussaint, Députée européenne et tête de liste des Écologistes pour les élections européennes 2024, tenait également à être présente à Besançon.
Il a montré que, quand on mise sur l’humain et l’humanité, on peut tout à fait créer de l’emploi et faire vivre une économie qui soit respectueuse. C’est ce vers quoi on doit se diriger aujourd’hui. Je crois que son combat est clair. Charles Piaget était pour la justice. Cette recherche effrénée du profit, cette façon dont on favorise la machine sur l’homme, on court à sa propre perte et Piaget n’a eu de cesse de lutter contre cela.