Journée Mondiale des Blaireaux : cessons enfin chasse et déterrage
Bien que le blaireau soit une espèce protégée au titre de la convention de Berne (annexe III), sa chasse n’est pas interdite. En ce 15 mai, journée mondiale des blaireaux, les écologistes se joignent aux associations environnementalistes pour défendre la cause de cet animal.
Le Blaireau d’Europe, Meles meles, est un petit ours de nos campagnes. Discret, nocturne, paisible, il a 2 ou 3 petits par portée. Il vit dans des terriers qui impressionnent par leur savante construction et entretien. À son menu, on trouve vers et petits fruits ainsi que de nombreuses espèces susceptibles d’occasionner des dégâts aux potagers et aux cultures : rats taupiers, mulots, souris… Il apprécie les invertébrés (larves de hannetons, tant redoutées par les jardiniers). Connu pour être un amateur de nids de guêpes, le blaireau participe ainsi à leur régulation.
Les terriers et espaces alentours occupés par les blaireaux sont des lieux de vie et d’interactions animales et végétales d’une grande richesse et importance pour les équilibres naturels. Et pourtant, en France, il est chassé ; en dépit de son statut d’animal protégé (!), à l’opposé des pays tels que les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, le Danemark, la Grèce, l’Espagne, le Portugal où il est strictement protégé.
Tiré au fusil ou extirpé de son terrier par vénerie sous terre, cet animal discret évite les humains ; le blaireau est donc traqué pour le simple plaisir de tuer.
Un plaisir d’abord d’une grande cruauté puisque les blaireaux, traqués par des chiens, effrayés par les coups de pelle et pioche, subissent un stress intense, se terrent au plus profond de leur abri. Les blaireaux, adultes ou jeunes, n’ont aucune échappatoire : et si les coups de pioches ne les ont miraculeusement pas blessés, ils seront extirpés par des pinces que personne ne peut croire non blessantes, et livrés, selon toute vraisemblance, aux chiens.
Lorsqu’elle est autorisée, la période complémentaire de vénerie sous terre autorise de fait à traquer des femelles gestantes, des mères allaitantes et leurs petits car les jeunes blaireautins peuvent encore se trouver au terrier le 15 mai.
Un plaisir destructeur, ensuite, puisque les terriers des blaireaux abritent toute une vie sauvage associée (chauves-souris, chats forestiers, amphibiens…) qui se retrouve totalement détruite ou désorganisée à l’issue de l’action de vénerie. Sans parler des blaireaux survivants dont on imagine la détresse et la douleur même laissés libres. Enfin c’est un plaisir inutile, un loisir violent, qui ne trouve de justification dans aucune étude ni observation.
- La tuberculose bovine est issue des animaux d’élevages et s’est propagée à certains animaux sauvages. Dans le cas où le blaireau serait un hôte porteur, c’est justement la proximité avec les chiens de chasse qui contribuera à diffuser la maladie.
- Les dégâts de terrassement demeurent exceptionnels et l’accusation selon laquelle le blaireau provoquerait des déraillements de trains ou rupture de digues laisse perplexe.
- Aucun déraillement de train n’est imputable aux terriers des blaireaux, ni en France ni en Europe où le blaireau est protégé
- Quant aux cultures, il existe de nombreux et simples moyens de dissuasion, indiqués autant par l’Office national de la chasse que d’associations environnementalistes.
Les espaces naturels qui nous environnent ne sont pas le terrain de jeu d’une minorité d’humains. Les animaux sont reconnus comme être vivants doués de sensibilité par la Loi française et ne sont pas des jouets. Aussi, ces animaux ont le droit de vivre par eux-mêmes et pour eux-mêmes.
A ce titre, la vie du blaireau doit être préservée tout comme que son habitat ; et toute douleur ou stress inutiles doivent lui être épargnés. EELV Franche-Comté et EELV Bourgogne demandent à ce que la chasse des blaireaux ne soit plus autorisée, et que, le cas échéant, qu’aucune période complémentaire ne soit autorisée là où elles sont demandées. Enfin, nous demandons la dissolution des associations de vénerie sous terre. En Bourgogne-Franche-Comté la Saône et Loire s’illustre tristement : elle fait partie du peloton de tête des départements français comptant le plus grand nombre d’équipages de déterrage de blaireaux.